Premiers cours, premières leçons

septembre 29th, 2009 Commentaires fermés

J’ai eu mes deux premiers cours en université américaine ce matin, à Portland State University. Je vais vous expliquer comment cela s’est passé et quelles premières leçons je peux en tirer. Notez que je ne vous parle pas de mon 3ème cours, le cours de « Public Utility Economics », qui devrait traiter de services publics et de biens publics mais auquel je n’ai pas encore assisté.

(Petite note juste avant de commencer pour vous expliquer une chose : aux Etats-Unis, le diplôme correspondant à notre Licence Bac+3 est un Bachelor Bac+4. Il y a donc 4 années à faire aux Etats-Unis avant de passer au Master, qui ne dure en général qu’un an ici contre deux en France.)

Le premier cours était un TD (a lecture en anglais) de micro-économie, donc principalement de l’analyse des choix/comportements des agents économiques, qu’ils soient consommateurs ou producteurs. Nous étions une bonne trentaine dans la salle, peut-être quarante, mais je pense que j’étais l’un des rares étrangers hormis le prof, brésilien (parfaitement anglophone). Au niveau de l’âge, je devais être dans la moyenne, moyenne basse peut-être. Tout semble très bien, le prof a l’air sympa et intéressant, la matière me plaît beaucoup… le seul ennui, c’est le niveau, assez faible. En fait, le syllabus reprend presque exactement mon programme de micro-économie de l’an dernier (L2) alors que je suis dans un cours censé accueillir des étudiants de 4ème année (je le sais car le numéro du cours est 474, ce qui correspond à un cours de 4ème année plutôt difficile  -proche de 500, l’année de Master).

Cette première impression s’est confirmée lors du deuxième cours, consacré à l’économie internationale. Ce cours-là est destiné aux 3ème année (numéro 340). Ça tombait bien, je suis en 3ème année. Mais là encore, le niveau semble faible. Le programme de ce cours combine des choses vues en L1 et L2 dans les facultés françaises, mais je pense que même un lycéen série ES pourrait suivre sans problème. La prof était bien consciente de faire un cours « basique », au point de conseiller aux étudiants qui ont économie comme majeure et qui ont déjà les bases de passer au niveau suivant, en 440. Le problème, c’est que ce cours-ci n’est pas dispensé pendant le premier trimestre, donc je vais tenter de me rabattre sur un cours complétement différent, consacré à l’économie publique (Public Spending and Debt Policy, un sujet qui m’intéresse). J’espère que je pourrai y accéder sans problème. Concernant le cours de micro-économie, je vais le garder même si ce sont des révisions pour moi. C’est un choix stratégique: je compte obtenir de bonnes notes dans ce cours (si je n’obtiens pas un A, j’aurai perdu mon pari -et accessoirement mon temps) pour rattraper mes notes, sûrement moyennes, dans les matières que je connais moins.

La première leçon à tirer de ce que j’ai décrit plus haut, c’est la différence de niveaux entre les étudiants européens (du système LMD) et les étudiants américains. Il semblerait qu’on ait entre un et deux ans d’avance sur les programmes américains, c’est-à-dire qu’ils apprennent en 4ème année de Bachelor ce qu’on apprend en 2ème année de Licence. (Bien sûr, je n’ai pas encore le recul suffisant pour en être sûr, d’autant que je n’ai vu que des cours d’économie.) Si cette impression se confirme, je suis sûr qu’elle peut s’expliquer et j’ai quelques idées en la matière. (Je pense à des choses plus élaborées que le classique « les Américains, c’est des cons et puis c’est tout », explication tentante mais un peu simpliste).

Une autre chose à remarquer est le nombre d’heures de cours. J’en aurai 10,17 au premier trimestre, soit 10h et 10 minutes ;-) . C’est peu, je vous le concède. Mais c’est apparemment la norme ici. De toute façon, compte tenu de mon statut d’étudiant étranger (visa j-1 si les détails vous intéressent), je dois obligatoirement suivre 3 ou 4 cours, pas plus, pas moins, donc je ne pourrai jamais avoir plus de 15h de cours hebdomadaires. Mon emploi du temps est évidemment peu chargé, au point d’être libre tous les après-midi. Cependant, il y a généralement beaucoup de travail à fournir, avec de longues lectures et des travaux écrits à faire chaque semaine. Je vous en dirai plus sur le rythme de travail plus tard, mais comptez sur moi pour vous donner des estimations assez basses (je suis sérieux en cours, feignant chez moi. C’est un très, très bon plan, je vous assure).

Un dernier point à aborder concerne la liberté dont jouissent les étudiants ici. Hormis quelques cours requis (les « prerequisites ». Ex: si vous voulez faire de la micro-économie à un niveau avancé, il faut avoir validé quelques trimestres de mathématiques et d’introduction à l’économie), un étudiant peut étudier à peu près ce qu’il veut (à condition de payer le coût de chaque cours supplémentaire -c’est là que ça se gâte). S’il s’intéresse à des sujets précis, il peut quasiment faire son propre programme, et donc moduler son emploi du temps à sa guise. L’étudiant américain est un fait un consommateur de base qui optimise sa formation en fonction de ses contraintes de temps et de budget (voilà ce qu’est la micro-économie). Cette liberté est très appréciable pour moi, mais elle explique peut-être en partie le retard des étudiants américains de premier cycle (undergraduate pour les intimes).

Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire, mais on a déjà dépassé les 800 mots. C’est beaucoup pour un blog.

A bientôt, en vidéo je pense.

1×02 Visite guidée

septembre 25th, 2009 Commentaires fermés

Deuxième vidéo, le son devrait être meilleur cette fois-ci, mais rien d’extraordinaire je vous le concède. Enjoyez!

(Dodo, j’ai oublié de te dire, dans la dédicace, de faire attention sur la grande route. Mais j’imagine que tu n’as pas oublié ce précepte grand-mèrien.)

1×02 Visite guidée
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Tranches de précarité

septembre 24th, 2009 Commentaires fermés

Les Etats-Unis sont le pays le plus riche du monde et disposent d’un PIB/habitant très élevé (autour de $40000 par an), mais ils n’ont pas de modèle social digne de ce nom et beaucoup, beaucoup d’Américains vivent dans la précarité.  Voici deux exemples, très classiques et connus, que mon colocataire et moi avons abordés.

Premier exemple, la santé. Mon colocataire travaille dans une petite entreprise (un magasin de vélos) qui n’est pas suffisamment grosse pour pouvoir lui fournir une assurance santé. Il profitait donc jusqu’à présent de la  couverture de sa compagne, avocate pour le compte de l’Etat. Or, sa compagne est partie étudier en Europe. Elle a donc quitté son travail, et va perdre son assurance, ce qui affectera directement mon colocataire. Ces dernières semaines, sachant qu’il allait perdre sa couverture, il a passé de nombreuses visites médicales pour ne pas avoir de mauvaises surprises dans les prochains mois. Tout semble bon pour lui aujourd’hui, mais s’il venait à avoir un problème de santé, il aurait inévitablement de gros ennuis financiers. Cette situation va peut-être changer bientôt si la réforme du système de santé américain passe, mais la chose n’est pas certaine pour l’instant et il faut donc vivre avec cette épée de Damoclès sur la tête. Voilà une tranche de précarité, bien connue mais toujours déroutante pour un français.

Un autre exemple concerne les congés payés. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de minimum légal à ce niveau-là. Ainsi, un quart des travailleurs américains n’a pas la moindre semaine de congés. La moyenne est de 14 jours par an, mais ce chiffre, déjà très faible, cache de fortes disparités. Mon colocataire a la chance d’avoir de la valeur aux yeux de son employeur, et a donc pu négocier 4 semaines de congés payés, mais sa compagne avocate n’a que 2 semaines par an! Dernier chiffre pour finir: seuls 14% des Américains prennent deux semaines de vacances consécutives.

Bref, il est plaisant de passer du temps aux Etats-Unis, d’y voyager, d’y étudier… mais il ne fait pas toujours bon y travailler.

1×01 Confess in Portland

septembre 23rd, 2009 Commentaires fermés

Voici ma première vidéo en direct de Portland. Elle est d’une utilité très faible, j’en conviens, mais c’était de l’improvisation à 23h après une longue journée de jeune actif. Écrire des billets est souvent plus intéressant, mais ça prend du temps, et j’en manque en ce moment.

Pour voir la vidéo, c’est juste en-dessous :

1×01 Confess in Portland
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Premiers pas

septembre 21st, 2009 Commentaires fermés

Les choses s’enchaînent assez vite ici depuis mon arrivée, il y a 24 heures. Vite et bien en vérité.

C’est dans cette jolie maison bleue verte que je devrais habiter pour les 9 mois qui viennent (voici l’adresse. Sur Google Map, il s’agit de la maison avec deux voitures bleue et rouge et un garage, à gauche sur la 65th Avenue). Ce n’est pas grand, mais il y a suffisamment d’espace pour deux personnes. Je partage la maison avec Tyler, un Américain de 40 ans qui gère un magasin de vélos (vente/location) comme la ville en compte beaucoup. Tyler est très sympa et il le prouve: il me prête en permanence un de ses nombreux vélos (une sorte de VTT jaune), il me laisse du temps pour lui payer le premier loyer et la caution (je n’ai pas suffisamment de dollars pour le faire maintenant), il installe pour moi des stores dans la chambre quand je ne suis pas là… Un autre aspect plaisant chez lui est son orientation politique, à gauche. Il m’a expliqué que les années Bush lui ont fait honte, que ce président était dans son esprit un meurtrier un criminel (meilleure traduction!), et que le 4 novembre 2008 avait été l’un des plus beaux jours de sa vie (si cette date historique ne vous dit rien, quittez cette page, je ne veux plus vous parler… non, je ne rigole pas). En plus de ça, il est plutôt geek et Iphoné, semble connaître des tas de choses, et a beaucoup bougé aux Etats-Unis (Wash DC, le Maine, la Californie, l’Oregon) et en Europe (quelques jours à Paris et en Autriche, une année aux Pays-Bas). Bref, il est déjà assez haut dans l’échelle très subjective des gens que j’aime bien.

Passons à ma chambre : la voici.

La seule chose vraiment intéressante à regarder se trouve sur le bureau, c’est le paquet de Prince. Il y a aussi des Mikados et des Savanes de Papy Brossard, mais le mieux, ce sont les Princes, non entamés pour l’instant. Flore pourra remarquer sur l’extrême-gauche deux objets qui lui sont familiers et qui sont déjà chers à mon cœur (L). Au sujet de la chambre, je dois ajouter quelque chose: je m’y sens bien, comme à la maison je crois.

Cet après-midi, dimanche donc, nous sommes allés en dehors de la ville, à une trentaine de kilomètres dans la campagne. Nous, ce sont 3 étudiants lyonnais, moi, et un couple de retraités américains qui hébergent gratuitement un des 3 autres étudiants français. Le fleuve, Columbia River, sépare l’Oregon et l’Etat de Washington (où se trouve Seattle si ça peut vous aider). Sur le côté droit de la rivière, il y a des gorges avec de nombreuses chutes d’eau, les Multnomah Falls. Vous pouvez voir à quoi elles ressemblent sur Facebook ou Picasa: si ça ne vous intéresse pas, retenez simplement que c’est joli et humide.

Ce soir, nous sommes allés boire un coup dans un bar dans le centre-ville de Portland. Compte tenu de la loi sur l’alcool (21 years old required), je n’ai pas bu d’alcool, bien que c’est ce que j’ai cru un instant en commandant une « root beer ». J’étais accompagné de deux étudiants majeurs (+ 21 ans), ils ont pris une bière mais ont dû montrer leur passeport. A Portland, ville des gauchos, des babos et des anars, on ne rigole pas avec la loi, on la respecte. Personnellement, en tant que « mineur », ça ne me dérange pas. Ce que je demande, c’est simplement qu’on accepte que j’entre.

Il y aurait bien d’autres choses à raconter, mais rien de croustillant ne me vient à l’esprit, à part que j’ai déjà loupé un arrêt de bus (j’ai du mal à l’écrire tellement je me sens faible et idiot) et que le coeur de Tyler a failli lâcher en me voyant dans sa cuisine alors qu’il ne m’avait pas écouté rentrer (j’ai beaucoup de facilité à l’écrire tellement je me sens fort et impressionnant).

A bientôt pour de nouvelles aventures, live from America.

Post-décollage

septembre 19th, 2009 § 6

A cet instant, je suis probablement dans un engin de la sorte.

A cet instant, je suis probablement dans un engin de la sorte.

A cet instant, je suis assez haut dans les airs. A moins que je ne sois en escale à New-York. Ou arrivé à Portland. Ou crashé au milieu de l’Atlantique ou des Rocheuses. Si cette dernière hypothèse se révèle être la bonne, je compte sur vous pour que mon histoire fasse la Une des médias internationaux.

Je n’ai pour l’instant pas grand chose à dire, hormis que je suis parti chargé d’une valise marron, d’un sac de sport bleu et d’un sac à dos noir et que je vole sur Delta Air Lines, by Air France. Voilà pour mon signalement si les tests ADN post-crash ne donnaient rien. J’ajoute que je vole sur un Boeing biréacteur qui me semble digne de confiance d’apparence et qu’on ne pourra m’accuser d’avoir pris des risques inconsidérés en montant dans l’avion.

J’emporte avec moi ce qu’on emporte généralement avec soi quand on part 9 mois à l’étranger, moins ce que j’ai oublié, plus des petites choses dont j’aurai besoin. C’est-à-dire un PC portable Packard Bell, un téléphone Sony-Ericsson tribande, un APN Sony du début des années 2000, une collection de DVDs vierges, de CDs de restauration Windows et de Divxs piratés, ainsi qu’une panoplie de livres en français signés Valéry, Camus, Voltaire, Woolfe, Kerouac et Salinger.

Les livres, en plus de me donner l’image d’un jeune intellectuel en vadrouille auprès des agents de sécurité qui ne manqueront pas d’ouvrir mes bagages à l’aéroport, me seront d’une vraie utilité pour retrouver la sensation du français, des mots, de la langue, quand je serai là-bas. Mais mon ambition reste tout de même de lire des livres en anglais, achetés d’occasion, à petits prix, dans un des grands bookstores que compte la ville, Portland.

Une autre ambition de ce voyage est de comprendre un peu mieux les Etats-Unis, pays si complexe, si divers, si contradictoire. Portland est certainement une très bonne interface pour me connecter à « la vraie Amérique » car cette ville devrait me plaire : elle est verte, écolo, progressiste, libérale sur les mœurs, bref de gauche. Elle incarne à mon avis assez bien les valeurs défendues par Obama, et ce n’est pas pour rien que les électeurs de Portland l’ont élu à 77%, contre 57% pour l’état de l’Oregon tout entier. Portland a également élu un maire démocrate, qui a la particularité d’être le seul maire d’une grande ville américaine ouvertement gay, un peu comme Paris. Côté ethnologie, Portland n’est pas le meilleur exemple du melting-pot à l’américaine : 83% des habitants sont blancs, 6% sont noirs, 10% hispaniques. Côté démographie, Portland est plus jeune que le reste de l’Oregon mais elle connaît un déficit, que je viens combler, en jeunes de 18 à 24 ans (8,1% de la population). Apparemment, les trentenaires y sont majoritaires (majorité relative bien sûr).

J’espère que ces quelques informations vous donneront matière à réflexion en attendant la suite, qui viendra je ne sais quand. Si vous voulez plus de détails sur les chiffres que je viens de donner, voilà une infographie bien faite de USAToday.

Dernier point, technique : ce billet est automatiquement posté sur mon compte Facebook et si tout marche bien, vos commentaires déposés sur Facebook apparaîtront également sur le blog. Ce n’est pas un point essentiel mais ça peut être utile aux personnes qui ont tendance à écrire des insanités pleines de fautes et d’allusions tendancieuses sur FB. Ils ou elles se reconnaîtront, j’en suis sûr.

A bientôt, ici ou ailleurs.

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