J’ai eu mes deux premiers cours en université américaine ce matin, à Portland State University. Je vais vous expliquer comment cela s’est passé et quelles premières leçons je peux en tirer. Notez que je ne vous parle pas de mon 3ème cours, le cours de « Public Utility Economics », qui devrait traiter de services publics et de biens publics mais auquel je n’ai pas encore assisté.
(Petite note juste avant de commencer pour vous expliquer une chose : aux Etats-Unis, le diplôme correspondant à notre Licence Bac+3 est un Bachelor Bac+4. Il y a donc 4 années à faire aux Etats-Unis avant de passer au Master, qui ne dure en général qu’un an ici contre deux en France.)
Le premier cours était un TD (a lecture en anglais) de micro-économie, donc principalement de l’analyse des choix/comportements des agents économiques, qu’ils soient consommateurs ou producteurs. Nous étions une bonne trentaine dans la salle, peut-être quarante, mais je pense que j’étais l’un des rares étrangers hormis le prof, brésilien (parfaitement anglophone). Au niveau de l’âge, je devais être dans la moyenne, moyenne basse peut-être. Tout semble très bien, le prof a l’air sympa et intéressant, la matière me plaît beaucoup… le seul ennui, c’est le niveau, assez faible. En fait, le syllabus reprend presque exactement mon programme de micro-économie de l’an dernier (L2) alors que je suis dans un cours censé accueillir des étudiants de 4ème année (je le sais car le numéro du cours est 474, ce qui correspond à un cours de 4ème année plutôt difficile -proche de 500, l’année de Master).
Cette première impression s’est confirmée lors du deuxième cours, consacré à l’économie internationale. Ce cours-là est destiné aux 3ème année (numéro 340). Ça tombait bien, je suis en 3ème année. Mais là encore, le niveau semble faible. Le programme de ce cours combine des choses vues en L1 et L2 dans les facultés françaises, mais je pense que même un lycéen série ES pourrait suivre sans problème. La prof était bien consciente de faire un cours « basique », au point de conseiller aux étudiants qui ont économie comme majeure et qui ont déjà les bases de passer au niveau suivant, en 440. Le problème, c’est que ce cours-ci n’est pas dispensé pendant le premier trimestre, donc je vais tenter de me rabattre sur un cours complétement différent, consacré à l’économie publique (Public Spending and Debt Policy, un sujet qui m’intéresse). J’espère que je pourrai y accéder sans problème. Concernant le cours de micro-économie, je vais le garder même si ce sont des révisions pour moi. C’est un choix stratégique: je compte obtenir de bonnes notes dans ce cours (si je n’obtiens pas un A, j’aurai perdu mon pari -et accessoirement mon temps) pour rattraper mes notes, sûrement moyennes, dans les matières que je connais moins.
La première leçon à tirer de ce que j’ai décrit plus haut, c’est la différence de niveaux entre les étudiants européens (du système LMD) et les étudiants américains. Il semblerait qu’on ait entre un et deux ans d’avance sur les programmes américains, c’est-à-dire qu’ils apprennent en 4ème année de Bachelor ce qu’on apprend en 2ème année de Licence. (Bien sûr, je n’ai pas encore le recul suffisant pour en être sûr, d’autant que je n’ai vu que des cours d’économie.) Si cette impression se confirme, je suis sûr qu’elle peut s’expliquer et j’ai quelques idées en la matière. (Je pense à des choses plus élaborées que le classique « les Américains, c’est des cons et puis c’est tout », explication tentante mais un peu simpliste).
Une autre chose à remarquer est le nombre d’heures de cours. J’en aurai 10,17 au premier trimestre, soit 10h et 10 minutes . C’est peu, je vous le concède. Mais c’est apparemment la norme ici. De toute façon, compte tenu de mon statut d’étudiant étranger (visa j-1 si les détails vous intéressent), je dois obligatoirement suivre 3 ou 4 cours, pas plus, pas moins, donc je ne pourrai jamais avoir plus de 15h de cours hebdomadaires. Mon emploi du temps est évidemment peu chargé, au point d’être libre tous les après-midi. Cependant, il y a généralement beaucoup de travail à fournir, avec de longues lectures et des travaux écrits à faire chaque semaine. Je vous en dirai plus sur le rythme de travail plus tard, mais comptez sur moi pour vous donner des estimations assez basses (je suis sérieux en cours, feignant chez moi. C’est un très, très bon plan, je vous assure).
Un dernier point à aborder concerne la liberté dont jouissent les étudiants ici. Hormis quelques cours requis (les « prerequisites ». Ex: si vous voulez faire de la micro-économie à un niveau avancé, il faut avoir validé quelques trimestres de mathématiques et d’introduction à l’économie), un étudiant peut étudier à peu près ce qu’il veut (à condition de payer le coût de chaque cours supplémentaire -c’est là que ça se gâte). S’il s’intéresse à des sujets précis, il peut quasiment faire son propre programme, et donc moduler son emploi du temps à sa guise. L’étudiant américain est un fait un consommateur de base qui optimise sa formation en fonction de ses contraintes de temps et de budget (voilà ce qu’est la micro-économie). Cette liberté est très appréciable pour moi, mais elle explique peut-être en partie le retard des étudiants américains de premier cycle (undergraduate pour les intimes).
Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire, mais on a déjà dépassé les 800 mots. C’est beaucoup pour un blog.
A bientôt, en vidéo je pense.