Tranches de précarité #2

octobre 24th, 2009 Commentaires fermés

C’est l’histoire d’une étudiante américaine qui va à la même université que moi, Portland State University. Il y a quelques mois, deux jours après la fin des cours du 3ème trimestre (Spring Term) et alors qu’elle allait reprendre les cours quelques semaines plus tard pour une session en été (Summer Term), elle a eu un accident et s’est cassé le poignet (vraiment cassé). Elle a du subir une opération chirurgicale consistant à remplacer ses os de l’avant-bras et du poignet par une tige en métal d’une quinzaine de centimètres. Coût de l’opération: $30 000. Tout au long de l’année universitaire, cette étudiante avait payé l’assurance de l’université, mais l’université n’a rien remboursé parce que l’accident n’avait pas eu lieu pendant une période de cours. Légalement, l’université n’a rien à se reprocher. Sa famille a du tout prendre en charge.

    Le rêve américain serait-il un mythe ? C’est en tout cas ce que laissent penser de nombreux chiffres sur les inégalités et leur perpétuation entre les générations. Cet article résume une partie de ces données. Si les couches sociales ont tendance à plus se reproduire aux Etats-Unis qu’en Europe par exemple, on le doit au moins en partie au coût de l’éducation: niveau d’études et salaires étant très liés, ceux qui ne peuvent étudier dans le supérieur faute de moyens restent généralement dans la pauvreté.

      Conséquence directe de la crise, le salaire minimum légal va baisser dans le Colorado: les prix ayant diminué avec la chute de la demande, le salaire minimum légal suit le mouvement. Une première depuis la création du salaire minimal en 1938.

        Bonne journée.

        1×04 Peninsula Olympic Road-trip

        octobre 19th, 2009 Commentaires fermés

        Vidéo de 10min à propos du premier road-trip de l’année américaine.

        Départ à 11h du matin de Portland, retour à 2h du matin le lendemain, après 800km à bord d’une vieille Subaru: au-delà des aléas liés à la route, c’était une belle journée dans un coin très, très sympa. Enjoy!


        Lutter contre l’absentéisme en classe ? Faisons-les payer!

        octobre 14th, 2009 § 9

        Alors que l’on débat, en France et sur Facebook, de l’idée de récompenser les élèves (via une « cagnotte » collective, destinée à financer un projet éducatif) s’ils réduisent le taux d’absentéisme de la classe, les Etats-Unis semblent être en avance sur le sujet. Quel est leur secret ? Faire payer, très cher, leur éducation aux élèves.

        Mais avant de vous démontrer par un raisonnement incroyablement bancal que ça marche, que le coût élevé des études incite vraiment les élèves à venir en cours, trois remarques préliminaires afin d’éviter les insultes:

        i) Je ne défends absolument pas ce système où l’étudiant paie très cher, il est incroyablement injuste et participe à l’accroissement inexorable des inégalités aux Etats-Unis. Qu’importe son efficacité sur l’absentéisme des élèves, il est à rejeter, comme est à rejeter le système qui veut que chacun se soigne selon ses moyens ;

        ii) Les études sur l’absentéisme, ses causes, ses conséquences, les moyens de le réduire, sont légions (1, 2, 3, 4… etc.) mais aucune (à ma connaissance) ne traite exactement de la question de l’effet du coût de la scolarité sur l’absentéisme. Bref, je suis un pionnier (^^), donc merci d’excuser tous les défauts de mon « étude » ;

        iii) Pour faire une bonne étude sur la question, il faudrait des données très précises: des comparaisons entre universités américaines (prix de la scolarité vs. taux d’absentéisme), des comparaisons internationales sur l’absentéisme (dans les pays où l’université est gratuite vs. dans les pays où elle est payante), des chiffres sur l’évolution de l’absentéisme aux Etats-Unis comparés à l’inflation du coût des universités, etc. Malgré mes recherches intensives, je n’ai pas trouvé ces données, donc en gros, tout ce que je vais vous dire ne se base sur rien de solide!

        J’invoque donc votre indulgence.

        Mon hypothèse est la suivante: une éducation chère, dont le coût est assumé par l’élève ou sa famille et non par l’Etat, a un effet négatif sur le taux d’absentéisme des élèves. Par négatif, j’entends que plus la scolarité est chère pour l’étudiant, moins il aura tendance à sécher.

        • Premier argument, mon expérience en université américaine: le coût de ma scolarité à Portland est d’environ 1500 dollars pour l’année. Je l’avoue, cette somme n’est pas une incitation suffisante pour moi pour me consacrer très intensément à mes études, c’est-à-dire travailler très dur chaque jour et ne jamais manquer le moindre cours. Je suis plutôt sérieux (^^), donc mon taux d’absentéisme sera faible à la fin de l’année, mais il ne sera assurément pas nul. Et, qu’importe le coût de la scolarité, tant qu’on reste dans une certaine limite (entre 0 et 3000 dollars environ pour mon cas), mon attitude resterait la même. Par contre, si ma scolarité devait coûter beaucoup plus que 3000 dollars, il est possible que je devienne un élève absolument irréprochable. Le coût de ma scolarité pourrait donc avoir un effet sur mon absentéisme.
        • Deuxième argument, mes observations de terrain: l’université où j’étudie, Portland State University, coûte environ 7000 dollars à l’année aux étudiants américains originaires de l’Oregon (montant variable selon le nombre d’heures de cours suivies). Pour les étudiants venant d’un autre Etat (Californie, Montana ou autre), l’année coûte environ 25000 dollars (cette discrimination tarifaire s’explique de deux manières: la volonté de dissuader les étudiants locaux de partir étudier ailleurs, et la xénophobie entre Etats^^). Ces frais très élevés ont, à mon avis, un vrai effet incitatif sur la présence et le sérieux des élèves: il y a plutôt peu d’absents (je dirais 10%) alors que les professeurs ne notent pas les absences, et il n’y a pas un seul bavardage en cours, vraiment. En France, non seulement les élèves parlent entre eux, mais ils ne viennent qu’en faible nombre dans les cours où l’appel n’est pas fait (entre 50 et 70% je dirais, selon ma propre expérience). Je vois donc ici assez clairement un effet négatif du coût de la scolarité sur l’absentéisme des élèves.
        • Troisième argument, l’effet de l’auto-financement: une étude menée dans des écoles américaines montre que les élèves qui disposent de la gratuité de la cantine ont un taux d’absentéisme supérieur à ceux qui paient pour la cantine. Si on considère la cantine comme un coût inhérent à la scolarité, il y a donc bien un effet concret: ceux qui paient vont plus en cours que ceux qui ne paient pas. Cependant, l’honnêteté intellectuelle m’oblige à vous parler d’une autre étude américaine, disponible gratuitement ici, qui montre que les étudiants qui financent eux-mêmes leurs études (avec ou sans l’aide de leurs parents) ne vont pas plus en cours que les autres. L’effet est nul (en fait il est très faiblement positif, de l’ordre de 0,03% seulement). Cependant, cette étude a été menée dans une faculté d’agriculture, donc on peut s’interroger sur la rationalité du panel concerné (insulte gratuite et infondée de ma part mais qui me permet de négliger les résultats d’une étude discordante^^).

        Voilà, ce long et inutile billet arrive à sa fin. J’espère vous avoir convaincu d’au moins une chose: on peut faire dire à peu près tout ce qu’on veut à une étude si l’on s’affranchit de certaines règles. Vous noterez tout de même que j’ai fini mon argumentation par une référence qui contredit ma thèse initiale, ce qui prouve que je suis 1. intellectuellement honnête, 2. probablement dans l’erreur.

        Merci et bravo pour avoir lu en entier ce torchon qui ne respecte aucune des méthodes scientifiques que l’ami René Descartes a jadis établies. Pour ceux qui ont scrollé pour lire seulement la conclusion, voici les deux seules informations intéressantes à retenir: 1. une année à PSU coûte environ 7000 dollars aux jeunes de l’Oregon et 25000 dollars aux autres, 2. cela ne devrait pas changer avant un bon moment.

        Vive l’Amérique (sic), vive la France (vraiment), et à bientôt.

        Américains, aventuriers dans l’âme ?

        octobre 10th, 2009 § 2

        Les Etats-Unis se différencient du reste du monde par divers traits. C’est en tout cas mon opinion. J’ai peut-être tort, notamment car je ne connais assez ni l’Amérique, ni le monde, pour pouvoir dire avec certitude ce qui caractérise vraiment tel ou tel pays ; aussi car je suis influencé par certaines images, certains clichés… Mais je crois que l’Amérique est particulière, unique, sur certains points comme la liberté (d’expression et de culte principalement), le patriotisme et l’auto-centrisme, la religion, l’argent, les mœurs, la relation à l’Histoire et au présent, etc.

        A cette liste, j’ajouterais le côté aventurier de la société américaine. J’ai le sentiment que beaucoup d’Américains voient leur vie comme une aventure, avec de nécessaires rebondissements, du mouvement; ils semblent être nombreux ici à refuser une vie figée et à vouloir du neuf régulièrement. Beaucoup d’Américains n’ont pas peur de changer de vie, de métier, de ville, d’Etat -ils en ont même besoin. J’en parle car c’est le cas de Tyler (mon propriétaire-colocataire), mais j’ai toujours eu le sentiment que c’était un caractère assez profondément ancré dans la société, dans la culture, dans la vie américaines. Dans sa jeunesse, Tyler a d’abord étudié la finance, puis s’est intéressé aux plantes au point d’obtenir une licence dans ces deux domaines (un Bachelor Degree). Il a ensuite quitté sa région pour aller dans le Maine travailler dans une ferme, et a repris par la suite ses études de finance pour finir son Master. Ensuite, au gré des opportunités, il a voyagé aux Etats-Unis, en Californie, en Oregon, enchaînant des métiers assez divers, dans la finance, dans le marketing du sportwear, aujourd’hui dans l’univers du vélo. Il a même travaillé et vécu à l’étranger, aux Pays-Bas, en Amérique Centrale… En moins de 20 ans de vie professionnelle, il a connu 5 métiers différents, une chose assez courante pour cette génération d’Américains. Et il n’a pas fini: dans ses projets à court-moyen terme, il se voit entrepreneur, cuisinier de « mexican food » au Japon, importateur de produits américains pour les familles expatriées en Europe… Tyler a bougé toute sa vie, et ne semble pas prêt à se poser définitivement dans un endroit ou un autre.

        Son histoire est un exemple parmi des millions d’autres de cette volonté de bouger, d’expérimenter, d’innover. Elle n’est pas propre aux Etats-Unis -et je pense que la génération (celle qui est née dans les 70s, 80s) et l’accès au monde (par la richesse, par la technologie, par le savoir, par la culture mondialisée) jouent beaucoup dans ces projections, dans ces ambitions-là, mais ce trait se dégage vraiment d’une grande part des Américains, plus qu’en Europe en tout cas à mon avis. Cela peut s’expliquer de différentes façons: l’immensité du territoire américain comme une invitation au voyage et donc à une vie plus aventurière et opportuniste ; le mythe originel du self-made man qui débarque aux Etats-Unis pour construire ses rêves de ses mains, qu’importe sa condition d’origine ; la recherche un peu vagabonde d’une identité dans un pays neuf et sans racines ;  l’Histoire économique et politique américaine, qui a souvent forcé les gens  à l’exode (vers l’Ouest avec la conquête des débuts, vers le Nord pendant la guerre de Sécession, vers les régions agricoles  et ensoleillées où il y avait du travail lors de la Grande Dépression, un schéma de migration qui se répète un peu aujourd’hui avec la crise d’ailleurs, etc.) ; …

        On peut certainement imaginer beaucoup d’autres explications. J’avoue que ce sujet m’intéresse beaucoup car j’y vois vraiment un particularisme américain, ancré dans les esprits ici mais qu’il n’est pas facile de comprendre, autant pour un étranger que pour les Américains eux-mêmes. Bref, si vous avez des avis ou des idées sur la question, allez-y!

        Je finis ce billet par une formule que j’avais lu il y a quelques temps, probablement « cliché » mais qui ne me semble pas infondée pour autant: l’Europe est un musée, l’Amérique un laboratoire.

        A bientôt.

        http://zelittle.free.fr

        Quelques mots sur la crise aux Etats-Unis

        octobre 7th, 2009 Commentaires fermés

        Autant vous le dire tout de suite, je n’ai rien de bien particulier à dire sur la crise économique aux Etats-Unis: ma présence ici ne m’apporte pas grand chose en plus, et je ne vois ou ressens pas vraiment les effets de la crise. Il y a bien sûr de la pauvreté, mais je ne sais pas dans quelle mesure la crise a pu aggraver le problème. Je regrette un peu de ne pas pouvoir témoigner de quoi que ce soit, mais c’est probablement une bonne nouvelle. Ce billet n’a donc pas vraiment de valeur ajoutée, veuillez m’en excuser ;-) J’ajoute que, si vous n’êtes pas du tout intéressé par l’économie ou la politique, vous feriez mieux de passer votre chemin: ce billet n’est pas long mais il est potentiellement chiant pour pas mal de monde.

        Parmi les chiffres dont on dispose pour évaluer la situation, il y a cet indice, The Real Misery Index, que je ne connaissais pas mais qui indique une progression récente de la misère aux Etats-Unis, d’environ 6% depuis le début de l’année. Cependant, le Misery Index, plus officiel mais plus simple, ne montre pas de montée significative de la misère depuis 10 mois, notamment car on le calcule en faisant la somme du taux de chômage et de l’inflation (hors l’inflation est négative en ce moment, ce qui fait logiquement baisser l’indice). Personnellement, entre les deux indices, je ferais plutôt confiance au premier, car il prend en compte beaucoup plus de choses que le second, mais ce n’est qu’un avis.

        Autre chiffre, le taux de chômage: il augmente, en Oregon comme partout ailleurs. Il est d’environ 13% en Oregon, contre une moyenne nationale de 10%. Portland étant la ville la plus active et attrayante de l’Oregon, le taux de chômage y est sûrement inférieur. Pour info, avant la crise, il n’y avait que 5% de chômeurs, en Oregon comme dans le reste du pays. Aujourd’hui, avec ses 13% de chômage, l’Oregon est le 4ème état le plus touché par le chômage, le premier de la liste étant le Michigan.

        Parlons du Michigan. Cet état se trouve dans la région des Grands Lacs, Détroit, la Rust Belt… Il est connu pour la prédominance de son secteur automobile, en profonde crise depuis quelques années. Au Michigan, le taux de chômage est de 15%, record national. C’est un chiffre violent, mais quand on regarde l’évolution sur une plus longue période (comme l’a fait un prof de philo du Michigan sur son blog), c’est encore pire. Entre 2000 et aujourd’hui, le Michigan a perdu 20% de ses emplois dans le secteur privé. Ces emplois perdus représentent 1/4 des emplois détruits par l’économie américaine toute entière depuis 2000! Pour que le Michigan retrouve à moyen terme son niveau d’emploi de l’année 2000, il faudrait qu’il crée 100 000 emplois de plus chaque année pendant 8 ans, un rythme absolument intenable.

        Dernier point: on aurait pu penser que la crise financière, en faisant fondre les patrimoines et les revenus boursiers, allait entraîner une réduction des inégalités aux Etats-Unis. Aucun rétrécissement n’a été observé pour l’instant (j’aimerais vous donner les chiffres mais je l’ai simplement entendu dans ce podcast de France Cu). Les Etats-Unis vont donc probablement rester, pour longtemps encore, un des pays les plus inégalitaires parmi les pays riches, comme en témoigne les deux graphes ci-dessous, tirés des travaux de l’économiste français Emmanuel Saez.

        Aux Etats-Unis, les 10% de la population les plus riches captent la moitié des revenus (contre 35% en France).

        Et les 0,1% les plus riches captent 7,5% des revenus, contre 2% en France environ.

        Bonne journée à tous et à bientôt.

        1×03 Cinéma, cheerleading et littérature

        octobre 4th, 2009 Commentaires fermés

        Vidéo-confess sans grande cohérence, je l’admets. De nombreux sujets sont abordés, mais rien de très important ou utile.

        Premiers cours, premières leçons

        septembre 29th, 2009 Commentaires fermés

        J’ai eu mes deux premiers cours en université américaine ce matin, à Portland State University. Je vais vous expliquer comment cela s’est passé et quelles premières leçons je peux en tirer. Notez que je ne vous parle pas de mon 3ème cours, le cours de « Public Utility Economics », qui devrait traiter de services publics et de biens publics mais auquel je n’ai pas encore assisté.

        (Petite note juste avant de commencer pour vous expliquer une chose : aux Etats-Unis, le diplôme correspondant à notre Licence Bac+3 est un Bachelor Bac+4. Il y a donc 4 années à faire aux Etats-Unis avant de passer au Master, qui ne dure en général qu’un an ici contre deux en France.)

        Le premier cours était un TD (a lecture en anglais) de micro-économie, donc principalement de l’analyse des choix/comportements des agents économiques, qu’ils soient consommateurs ou producteurs. Nous étions une bonne trentaine dans la salle, peut-être quarante, mais je pense que j’étais l’un des rares étrangers hormis le prof, brésilien (parfaitement anglophone). Au niveau de l’âge, je devais être dans la moyenne, moyenne basse peut-être. Tout semble très bien, le prof a l’air sympa et intéressant, la matière me plaît beaucoup… le seul ennui, c’est le niveau, assez faible. En fait, le syllabus reprend presque exactement mon programme de micro-économie de l’an dernier (L2) alors que je suis dans un cours censé accueillir des étudiants de 4ème année (je le sais car le numéro du cours est 474, ce qui correspond à un cours de 4ème année plutôt difficile  -proche de 500, l’année de Master).

        Cette première impression s’est confirmée lors du deuxième cours, consacré à l’économie internationale. Ce cours-là est destiné aux 3ème année (numéro 340). Ça tombait bien, je suis en 3ème année. Mais là encore, le niveau semble faible. Le programme de ce cours combine des choses vues en L1 et L2 dans les facultés françaises, mais je pense que même un lycéen série ES pourrait suivre sans problème. La prof était bien consciente de faire un cours « basique », au point de conseiller aux étudiants qui ont économie comme majeure et qui ont déjà les bases de passer au niveau suivant, en 440. Le problème, c’est que ce cours-ci n’est pas dispensé pendant le premier trimestre, donc je vais tenter de me rabattre sur un cours complétement différent, consacré à l’économie publique (Public Spending and Debt Policy, un sujet qui m’intéresse). J’espère que je pourrai y accéder sans problème. Concernant le cours de micro-économie, je vais le garder même si ce sont des révisions pour moi. C’est un choix stratégique: je compte obtenir de bonnes notes dans ce cours (si je n’obtiens pas un A, j’aurai perdu mon pari -et accessoirement mon temps) pour rattraper mes notes, sûrement moyennes, dans les matières que je connais moins.

        La première leçon à tirer de ce que j’ai décrit plus haut, c’est la différence de niveaux entre les étudiants européens (du système LMD) et les étudiants américains. Il semblerait qu’on ait entre un et deux ans d’avance sur les programmes américains, c’est-à-dire qu’ils apprennent en 4ème année de Bachelor ce qu’on apprend en 2ème année de Licence. (Bien sûr, je n’ai pas encore le recul suffisant pour en être sûr, d’autant que je n’ai vu que des cours d’économie.) Si cette impression se confirme, je suis sûr qu’elle peut s’expliquer et j’ai quelques idées en la matière. (Je pense à des choses plus élaborées que le classique « les Américains, c’est des cons et puis c’est tout », explication tentante mais un peu simpliste).

        Une autre chose à remarquer est le nombre d’heures de cours. J’en aurai 10,17 au premier trimestre, soit 10h et 10 minutes ;-) . C’est peu, je vous le concède. Mais c’est apparemment la norme ici. De toute façon, compte tenu de mon statut d’étudiant étranger (visa j-1 si les détails vous intéressent), je dois obligatoirement suivre 3 ou 4 cours, pas plus, pas moins, donc je ne pourrai jamais avoir plus de 15h de cours hebdomadaires. Mon emploi du temps est évidemment peu chargé, au point d’être libre tous les après-midi. Cependant, il y a généralement beaucoup de travail à fournir, avec de longues lectures et des travaux écrits à faire chaque semaine. Je vous en dirai plus sur le rythme de travail plus tard, mais comptez sur moi pour vous donner des estimations assez basses (je suis sérieux en cours, feignant chez moi. C’est un très, très bon plan, je vous assure).

        Un dernier point à aborder concerne la liberté dont jouissent les étudiants ici. Hormis quelques cours requis (les « prerequisites ». Ex: si vous voulez faire de la micro-économie à un niveau avancé, il faut avoir validé quelques trimestres de mathématiques et d’introduction à l’économie), un étudiant peut étudier à peu près ce qu’il veut (à condition de payer le coût de chaque cours supplémentaire -c’est là que ça se gâte). S’il s’intéresse à des sujets précis, il peut quasiment faire son propre programme, et donc moduler son emploi du temps à sa guise. L’étudiant américain est un fait un consommateur de base qui optimise sa formation en fonction de ses contraintes de temps et de budget (voilà ce qu’est la micro-économie). Cette liberté est très appréciable pour moi, mais elle explique peut-être en partie le retard des étudiants américains de premier cycle (undergraduate pour les intimes).

        Il y aurait beaucoup d’autres choses à dire, mais on a déjà dépassé les 800 mots. C’est beaucoup pour un blog.

        A bientôt, en vidéo je pense.

        1×02 Visite guidée

        septembre 25th, 2009 Commentaires fermés

        Deuxième vidéo, le son devrait être meilleur cette fois-ci, mais rien d’extraordinaire je vous le concède. Enjoyez!

        (Dodo, j’ai oublié de te dire, dans la dédicace, de faire attention sur la grande route. Mais j’imagine que tu n’as pas oublié ce précepte grand-mèrien.)

        Tranches de précarité

        septembre 24th, 2009 Commentaires fermés

        Les Etats-Unis sont le pays le plus riche du monde et disposent d’un PIB/habitant très élevé (autour de $40000 par an), mais ils n’ont pas de modèle social digne de ce nom et beaucoup, beaucoup d’Américains vivent dans la précarité.  Voici deux exemples, très classiques et connus, que mon colocataire et moi avons abordés.

        Premier exemple, la santé. Mon colocataire travaille dans une petite entreprise (un magasin de vélos) qui n’est pas suffisamment grosse pour pouvoir lui fournir une assurance santé. Il profitait donc jusqu’à présent de la  couverture de sa compagne, avocate pour le compte de l’Etat. Or, sa compagne est partie étudier en Europe. Elle a donc quitté son travail, et va perdre son assurance, ce qui affectera directement mon colocataire. Ces dernières semaines, sachant qu’il allait perdre sa couverture, il a passé de nombreuses visites médicales pour ne pas avoir de mauvaises surprises dans les prochains mois. Tout semble bon pour lui aujourd’hui, mais s’il venait à avoir un problème de santé, il aurait inévitablement de gros ennuis financiers. Cette situation va peut-être changer bientôt si la réforme du système de santé américain passe, mais la chose n’est pas certaine pour l’instant et il faut donc vivre avec cette épée de Damoclès sur la tête. Voilà une tranche de précarité, bien connue mais toujours déroutante pour un français.

        Un autre exemple concerne les congés payés. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de minimum légal à ce niveau-là. Ainsi, un quart des travailleurs américains n’a pas la moindre semaine de congés. La moyenne est de 14 jours par an, mais ce chiffre, déjà très faible, cache de fortes disparités. Mon colocataire a la chance d’avoir de la valeur aux yeux de son employeur, et a donc pu négocier 4 semaines de congés payés, mais sa compagne avocate n’a que 2 semaines par an! Dernier chiffre pour finir: seuls 14% des Américains prennent deux semaines de vacances consécutives.

        Bref, il est plaisant de passer du temps aux Etats-Unis, d’y voyager, d’y étudier… mais il ne fait pas toujours bon y travailler.

        1×01 Confess in Portland

        septembre 23rd, 2009 Commentaires fermés

        Voici ma première vidéo en direct de Portland. Elle est d’une utilité très faible, j’en conviens, mais c’était de l’improvisation à 23h après une longue journée de jeune actif. Écrire des billets est souvent plus intéressant, mais ça prend du temps, et j’en manque en ce moment.

        Pour voir la vidéo, c’est juste en-dessous :